Point de vue

L’avenir du jeu est numérique et vous en payez le prix

11/9/2024

La PS5 Pro ne dispose pas de lecteur, ce qui confirme la tendance à l’abandon des jeux physiques. Cela m’est égal, tant que mes titres numériques m’appartiennent pleinement.

Tout commence avec Steam. En 2004, Valve a sorti Half-Life 2, qui ne pouvait être joué que via la plateforme de distribution numérique. Cela signifie que vous ne pouvez plus vendre le jeu, car il est lié à votre compte pour toujours. Une levée de boucliers s’ensuit, mais sans conséquences concrètes. Steam compte actuellement plus de 130 millions d’utilisateurs et utilisatrices actifs, ce qui en fait probablement la plus grande plateforme de jeux au monde.

« Half-Life 2 » a marqué le début de l’ère du « digital only » pour de nombreux joueurs et joueuses PC.
Source : Valve

Les joueurs et joueuses de console se marrent. Bien que l’avenir dématérialisé ait été tracé il y a 20 ans sur PC, il est toujours possible d’acheter et de revendre pratiquement n’importe quel jeu physique sur Switch, Xbox ou PlayStation. Reste à savoir pour combien de temps.

Jeux physiques uniquement moyennant un supplément

Le 10 septembre, Sony a présenté la nouvelle PS5 Pro. Elle coûte 799 euros et dispose d’une mémoire généreuse de 2 téraoctets. De l’espace pour télécharger des jeux. Elle n’est pas équipée d’un lecteur Blu-ray. Comme avec la PS5 Slim, il n’est disponible qu’au prix de 120 francs suisses/euro. L’intention est claire : Sony rend la version disque des jeux moins attrayante, tant en termes de prix que d’apparence. Avec le lecteur, la console paraît plus grande et n’est plus symétrique. Plus les joueurs et joueuses seront nombreux à passer à la version numérique, plus il sera facile d’abandonner complètement le lecteur sur la prochaine PlayStation 6. Ce n’est pas encore certain, mais les jeux physiques sont en déclin (lien en anglais).

Pour la PS5 Slim et la PS5 Pro, le lecteur de disque est payant.
Source : Youtube/CNET

En tant que joueur PC invétéré, j’ai accepté depuis longtemps que c’est la norme d’acheter uniquement des jeux numériques. Tout au plus, une édition spéciale d’un jeu qui me tient à cœur. Et mon étagère me remercie de ne pas l’avoir enterrée sous des centaines d’étuis en plastique. Les jolies pochettes en carton appartiennent au passé. Je choisis aussi généralement la version numérique sur les consoles, à moins qu’elle ne soit nettement plus chère que la version physique. J’aime avoir tous les jeux dans ma bibliothèque numérique et ne pas devoir chercher et insérer un disque.

Les jeux numériques sont plus pratiques que les jeux physiques. Toutefois, certains facteurs décisifs doivent être réunis pour y renoncer définitivement :

des serveurs fiables et rapides pour les téléchargements ;
une connexion Internet illimitée et rapide à la maison ;
des jeux pouvant être revendus ;
des jeux pouvant être échangés.

Sony remplit largement la première condition. En Suisse, les connexions Internet illimitées sont la norme. La vitesse moyenne est de 200 Mbit/s. En Allemagne, elle est de 90 Mbit/s. Et comme les jeux sont de plus en plus gros, il faut être un peu plus patient. Un jeu comme EA FC 24 nécessite une mémoire d’environ 50 Go. Le téléchargement dure respectivement 33 et 75 minutes.

Ironie, quand tu nous tiens

En lisant les commentaires sur la sortie de la PS5 Pro, je me rends compte que l’absence de lecteur élimine les deux avantages les plus importants des jeux physiques : la vente et l’échange. Si vous achetez des jeux numériques sur la console, ils sont liés à votre compte, comme sur Steam. Le problème est que vous n’achetez pas les jeux, mais seulement la licence pour les utiliser. Les conditions générales de Steam font référence à un contrat d’abonnement. Il y a cinq ans, un tribunal français a jugé que ces conditions étaient contraires au droit européen. À ma connaissance, il ne s’est rien passé depuis. Après tout, il n’y a pas de générations de consoles sur PC qui restreignent massivement la rétrocompatibilité.

Néanmoins, depuis le lancement de Steam, le fait de ne pas avoir les mêmes droits sur les jeux numériques que sur une version physique est une épine dans le pied. L’échange et la revente ont toujours été une partie importante de la consommation de jeux. Sony s’est moqué de la Xbox One lors du lancement de la PS4 parce que Microsoft a pris le virage radical du numérique. Peu de temps après, comme on le sait déjà, il est revenu sur ses décisions. Depuis, Sony et Microsoft ainsi que Nintendo dans une moindre mesure se détournent de plus en plus des jeux physiques, au grand dam des consommateurs et consommatrices. Je peux désormais partager mes jeux avec mes amis sur Steam, mais les autres plateformes n’offrent pas cette fonction. Les fabricants continuent de faire bloc contre la revente numérique.

« GTA 6 » sonne-t-il le glas des jeux physiques ?

La PS5 Pro n’est pas encore disponible. Son lancement est prévu pour le 7 novembre. Mais avec le lancement de GTA 6 l’année prochaine, elle pourrait enfin sceller le destin numérique. Selon des rumeurs, Sony aurait obtenu les droits de commercialisation exclusifs. Cela signifie que la prochaine épopée des gangsters de Rockstar sera promue en même temps que la PS5 et probablement la toute-puissante PS5 Pro. Dans les commentaires sur l’annonce de la nouvelle console, certaines personnes veulent l’acheter uniquement pour cela. Et une fois que l’on est passé aux jeux numériques, il est difficile de revenir en arrière.

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Philipp Rüegg

Senior Editor

Philipp.Rueegg@digitecgalaxus.ch

Enfant, je n’avais pas le droit d’avoir de console. Ce n’est qu’avec l’arrivée du PC familial 486 que le monde magique des jeux vidéo s’est ouvert à moi. Aujourd’hui, je compense largement ce manque : seuls le temps et l’argent m’empêchent d’essayer tous les jeux qui existent et de remplir mon étagère de consoles rétro rares.

Point de vue

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