Vos données. Votre choix.

Si vous n’acceptez que les cookies essentiels, nous utilisons des cookies et des technologies similaires pour collecter des informations sur votre appareil et votre comportement d’utilisation sur notre site Internet. Nous en avons besoin pour vous permettre, par exemple, de vous connecter en toute sécurité et d’utiliser des fonctions de base telles que le panier d’achats.

Si vous acceptez tous les cookies, nous pouvons également utiliser ces informations afin de vous afficher des offres personnalisées, améliorer nos sites et vous présenter des annonces publicitaires ciblées sur nos sites et d’autres sites ainsi que sur nos applications. Cela nous permet également de transmettre certaines données à des tiers et à nos partenaires publicitaires.

Kim Muntinga
Critique

Dans « KAISERPUNK », la construction surpasse la conquête

Kim Muntinga
24/3/2025
Traduction : Martin Grande
Photos: Kim Muntinga

Dans un monde où la Première Guerre mondiale n’a jamais pris fin, « KAISERPUNK » allie gestion de villes et stratégie militaire. C’est une belle ambition, mais certains aspects manquent de profondeur.

Je ne peux pas me contenter de construire des centres industriels fumants et d’optimiser les lignes de production et l’infrastructure pour la population. En tant qu’empereur, je dois aussi prendre des décisions stratégiques, forger des alliances et assurer ma suprématie grâce aux forces armées.

Le jeu me transporte dans une historiographie alternative du début du XXe siècle, où des cités-États se disputent la suprématie sur un fond de Première Guerre mondiale interminable. Cette prémisse permet de jouer des scénarios historiques hypothétiques dans un cadre original.

Urbanisme : la révolution industrielle entre mes mains

La gestion de la cité-État est de loin le plus gros point fort de KAISERPUNK. Je commence avec une modeste colonie en partant sur de bonnes bases afin de développer une industrie florissante. Ce système rappelle fortement Anno, mais l’accent est porté sur l’efficacité industrielle et le contrôle social.

Les usines, les foyers de travailleurs, les bâtiments gouvernementaux et les centres commerciaux doivent être placés de manière stratégique afin de minimiser les distances de transport et de maximiser la production. Le réseau routier joue un rôle majeur. Une ville peut rapidement sombrer dans le chaos si les matières premières ne sont pas transportées efficacement. En parallèle, je recycle les ruines de l’Ancien Monde.

L’équilibre entre la satisfaction de la population, l’efficacité et la disponibilité des ressources constitue un défi permanent. Le concept et l’univers évoquent un mélange d’ère industrielle et de réalité alternative avec une légère touche de dieselpunk, conférant au jeu une ambiance très réussie.

Ressources : le nerf de la guerre

Un point positif à souligner est le très bon fonctionnement de l’automatisation. Dès que j’ai fini de construire les bâtiments, je vois si j’ai encore besoin de quelque chose, comme un dépôt à proximité, de l’électricité ou de l’eau. Le cas échéant, le développement nécessaire est lancé automatiquement.

Malgré tout, la coordination des différentes lignes de production est exigeante. Quand la complexité augmente, il est difficile de garder une bonne vue d’ensemble des entités qui nécessitent des améliorations. En l’état, les aperçus n’offrent pas suffisamment de clarté. La gestion de grands complexes industriels pourrait être plus intuitive avec de meilleurs diagrammes, des fonctions de filtrage ou un outil de planification de la production dédié.

L’armée comme pan de l’économie

L’interdépendance de l’économie et de l’armée me contraint à une planification minutieuse. Je dois veiller à l’efficacité de mes installations militaires et à ce que mes infrastructures civiles ne soient pas sous-équipées. Le développement des forces armées donner l’impression d’être une extension naturelle de la construction des villes. C’est bien fait, et c’est gratifiant de réussir son anticipation stratégique.

J’adore la mise en œuvre de technologies restées à l’état de prototypes dans notre réalité, comme les dirigeables de guerre. Ces éléments confèrent au jeu vidéo une dose d’authenticité et une touche de romantisme historique en même temps.

Stratégie mondiale : loin de l’action

En dépit des ambitions du jeu, l’aspect géopolitique de KAISERPUNK semble sous-développé. Ma zone d’influence, les régions cibles possibles et les factions rivales apparaissent sur une carte du monde stylisée, mais mon pouvoir de décision reste limité. L’expansion relativement linéaire résulte de la conquête militaire, tandis que l’influence économique ou culturelle joue un rôle négligeable.

Ainsi, l’échelle globale confère certes un sentiment de grandeur à l’urbanisme, mais en toile de fond seulement, sans véritable pertinence stratégique. Les personnes qui espèrent des interactions complexes, une planification à long terme à travers les régions ou des dynamiques géopolitiques émergentes seront déçues.

Batailles automatisées : pas de défi tactique

La partie militaire de KAISERPUNK reste malheureusement en deçà de son potentiel. Je peux produire des unités, envoyer des dirigeables et des chars sur le terrain et conquérir des territoires. Cependant, le système de combat s’avère simpliste et la profondeur tactique n’est pas au rendez-vous. Les unités peuvent être plus ou moins positionnées, mais les combats à proprement parler sont automatisés.

Le dynamisme et les possibilités de réaction manquent à l’appel. Les décisions prises en amont telles que la constitution de l’armée et la logistique de ravitaillement, certes décisives, ne confèrent toutefois pas plus de contrôle sur le champ de bataille lui-même. Celles et ceux qui espéraient une guerre stratégique approfondie risquent de rester sur leur faim.

Une critique supplémentaire concerne le déroulement des combats eux-mêmes. Je ne peux pas coordonner mes troupes sous forme de grandes armées. Je dois envoyer des bataillons les uns après les autres au combat. C’est compliqué et cela freine aussi la diversité tactique, car il n’est guère possible de coordonner des manœuvres à grande échelle.

J’aurais apprécié la possibilité de coordonner l’infanterie, la marine et les unités aériennes. Et puis, la microgestion des combats est souvent frustrante. Je dois attendre un certain délai avant que mes unités soient à nouveau prêtes à lancer une nouvelle attaque.

Diplomatie : du potentiel inexploité

Le système diplomatique semble également superficiel. Les menus suggèrent la possibilité de conclure des accords commerciaux ou des alliances. C’est bien, mais ces interactions n’ont globalement aucun impact.

À cela s’ajoute le fait que l’on a peu de contact avec l’IA adverse. Je ne peux pas évaluer la force ou la faiblesse de mes adversaires, et je n’ai pas connaissance des mouvements de troupes ou des plans stratégiques. À cet égard, le monde semble statique et peu vivant, ce qui réduit considérablement le sentiment d’une véritable interaction diplomatique.

Des approches intéressantes comme des intrigues ou l’influence sur d’autres factions se dessinent parfois à l’horizon, mais le concept n’est pas poussé jusqu’au bout. Ça manque de mordant. Aller plus loin dans ce domaine profiterait à l’aspect de stratégie globale.

Progrès scientifique : un chemin semé d’embûches

La manière exacte dont ces points sont générés reste toutefois vague. On peut observer des progrès, mais le jeu n’explique pas clairement quelles actions contribuent concrètement à l’augmentation des points. C’est donc plus difficile de planifier ses avancées technologiques et le système semble plus abstrait, bien qu’il soit fondamentalement bien structuré.

Politique : des décisions vaines

Au cours du jeu, je peux attribuer une orientation politique à ma ville : autoritaire, technocratique ou progressiste, cela pourrait ouvrir la porte à des possibilités intéressantes. En pratique, ces décisions ne sont pas plus utiles que de prêcher dans un désert. Même si certains bonus et descriptions changent selon l’alignement politique, l’influence sur le gameplay ou sur les relations internationales est minime.

Les véritables conflits d’intérêts et l’impact sur ma position politique sont aux abonnés absents. Un régime autoritaire, par exemple, n’a pas d’effet sensible sur la satisfaction, le commerce ou la diplomatie. Le potentiel inexploité est considérable. Les idéologies politiques pourraient être beaucoup mieux intégrées dans les mécaniques de jeu afin de créer du dynamisme et de la profondeur.

Graphisme et design sonore : utile et agréable

La bande-son accentue l’atmosphère avec des sons orchestraux aux mélodies dramatiques qui s’intègrent bien dans l’arrière-plan. Elle est évocatrice, quoiqu’elle pourrait être plus variée pour donner plus de dynamisme aux longues sessions de jeu. Les effets sonores remplissent leur rôle. Les machines s’emballent, la vapeur siffle, les coups de feu claquent… tout est bien mis en musique, mais sans grande surprise non plus sur le plan acoustique.

« KAISERPUNK » m’a été mis à disposition par Overseer Games. Le jeu est disponible sur PC depuis le 21 mars.

Bilan

Le malheur des stratèges de guerre fait le bonheur des urbanistes

« KAISERPUNK » combine gestion industrielle et stratégie globale dans un cadre historique alternatif. Ce mélange des genres est très, voire trop ambitieux. Le point fort du jeu réside dans la construction de villes : la simulation détaillée des chaînes de production industrielle, associée à un style dieselpunk à l’atmosphère dense, garantit des heures de joyeuse planification. L’imbrication stratégique entre l’économie et l’armée fonctionne bien et récompense une planification prévoyante.

Dans « KAISERPUNK », c’est l’aspect de stratégie globale qui fait défaut. La diplomatie, la politique et les affrontements militaires restent superficiels et trop automatiques pour vraiment prendre aux tripes. De la même manière, le système de progrès et de recherche est trop opaque pour cibler certaines étapes de développement. Néanmoins, les personnes qui apprécient les jeux de construction avec un cadre inhabituel et qui aiment la complexité, notamment dans le domaine économique, y trouveront leur compte, à condition de faire des concessions à l’échelle globale et en termes de profondeur tactique.

Pro

  • urbanisme détaillé axé sur l’efficacité industrielle
  • style dieselpunk original à l’atmosphère lourde
  • bonne intégration de l’économie de guerre

Contre

  • stratégie globale et conquêtes superficielles
  • batailles automatiques sans profondeur tactique
  • IA passive en stratégie diplomatique et politique
Photo d’en-tête : Kim Muntinga

Cet article plaît à 17 personne(s)


User Avatar
User Avatar

Mes intérêts sont variés, j'aime simplement profiter de la vie. Toujours à l'affût de l'actualité dans le domaine des fléchettes, des jeux, des films et des séries.


Critique

Quels sont les films, séries, livres, jeux vidéos ou jeux de société qui valent vraiment la peine ? Recommandations basées sur des expériences personnelles.

Tout afficher

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

  • Critique

    « Digimon Story Time Stranger » : ce JRPG va vous rendre accro

    par Kevin Hofer

  • Critique

    Test de « Jurassic World Evolution 3 » : mes aventures avec les dinos

    par Michelle Brändle

  • Critique

    Test de « Senua’s Saga : Hellblade II » : nerveux, explosif et tout simplement incomparable

    par Philipp Rüegg