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En coulisse

De « Metal Gear » à « Death Stranding » : la popularité du développeur légendaire Hideo Kojima

Cassie Mammone
4/7/2025
Traduction: Martin Grande

Qui s’intéresse aux jeux vidéo connait le nom d’Hideo Kojima. Certains aiment son approche étrange des jeux, d’autres considèrent qu’il ne mérite pas autant d’attention. Lumière sur la fascination dont Hideo Kojima fait l’objet.

Le 26 juin 2025, nous y sommes enfin. Après de nombreuses bandes-annonces dignes du cinéma, le dernier jeu de Kojima Productions, Death Stranding 2 : On The Beach sort, et le fondateur et directeur du studio se retrouve au cœur de nombreuses discussions. Hideo Kojima est-il génial ou tout simplement surcoté ?

Les cinématiques confuses provoquent des haussements d’épaules chez certains joueurs et joueuses. Moi, je les adore, même si je ne les comprends pas toutes. J’aime aussi les nombreuses missions de livraison et le gameplay lent, qui pousse les sceptiques à qualifier Death Stranding de simulateur de balade ennuyeux.

Une chose est sûre, Hideo Kojima suscite des réactions tranchées. Pourquoi le légendaire développeur polarise-t-il autant ? Qu’est-ce qui se cache derrière cette fascination ? Aujourd’hui, je vous propose une explication en cinq points sur la carrière du développeur japonais.

J’ai hâte de vivre la scène sur la lune dans « Death Stranding 2 ».
J’ai hâte de vivre la scène sur la lune dans « Death Stranding 2 ».
Source : Sony

1) Hideo Kojima, le cinéaste

Selon ses propres dires dans sa biographie X, son corps est composé à 70 % de films. Cette passion naît très tôt durant son enfance, quand ses parents adoptent la tradition familiale de regarder un film chaque soir. Pour le jeune Hideo Kojima, pas question d’aller se coucher avant le générique du film.

Le fait que ses parents apprécient particulièrement le cinéma occidental a sans doute joué en faveur du concepteur, dont les jeux atteignent un large public en dehors du Japon.

Alimentée par les soirées cinéma familiales et l’achat d’une caméra par un ami, la passion de la réalisation cinématographique s’éveille chez le jeune Hideo. Il ne deviendra cependant jamais producteur de films, mais prendra la voie du développement de jeux.

Un jeune Hideo.
Un jeune Hideo.
Source : Metal Gear Solid : Official Mission Handbook

L’enthousiasme d’Hideo pour la production de films devient une partie intégrante de sa carrière dans l’industrie du jeu vidéo. Metal Gear Solid sur la PlayStation 1 est l’un des premiers jeux à avoir fait le pari d’une mise en scène cinématographique et aujourd’hui encore, les éloges ne tarissent pas à cet égard. Je ressens clairement cette influence dans Death Stranding 2 en visionnant, admiratif, la première cinématique avec le protagoniste Sam Porter.

Le succès que les cinématiques d’Hideo connaissent auprès des fans est étonnant, car elles s’éloignent en effet souvent des conventions de films traditionnels. On peut se demander si le style de réalisation et de production d’Hideo ferait mouche dans le média classique qu’est le cinéma.

Par exemple, il n’est jamais bref. Les dialogues de ses jeux durent longtemps. La preuve, Metal Gear Solid 4 figure dans le Livre Guinness des records (lien en anglais) parce qu’il renferme la plus longue cinématique d’un jeu vidéo, d’une durée de 71 minutes. Cela ne représente pas tout à fait la durée d’un long métrage, mais quand même assez pour que ça vaille le coup d’aller chercher le pop-corn. Dans Death Stranding, les cinématiques ne durent heureusement pas aussi longtemps. Les dialogues sur les phénomènes expliqués dans les inscriptions au code, tels que les « ECHO », les « BB », les « blanchouts », les « UCA », les « repatriés », les « entités d’extinction », soulèvent toutefois plus de questions que de réponses.

La séquence de fin de « Metal Gear Solid 4 » est digne d’un film en termes de durée.
La séquence de fin de « Metal Gear Solid 4 » est digne d’un film en termes de durée.
Source : YouTube / NukemDukem

2) Des débuts visionnaires dans l’industrie du jeu vidéo

Au-delà des cinématiques sources de confusion auprès du public, Hideo apporte un vent de fraîcheur dans l’industrie du jeu. Souhaitant se faire la main avant d’évoluer vers le monde du cinéma dans les années 1980, il entre chez Konami en 1986 malgré les avertissements de ses proches sur la mauvaise réputation de l’industrie du jeu à l’époque.

Après avoir travaillé sur deux jeux, Hideo prend la direction de Metal Gear pour l’ordinateur de salon japonais MSX2. Il aurait préféré développer pour la console Famicom (appelée NES en Europe et aux États-Unis), qui a plus de succès, mais le travail sur les jeux d’ordinateur s’avère être une bénédiction par la suite. En effet, cette plateforme étant plus puissante, Hideo peut intégrer des mécaniques de gameplay plus complexes dans ses projets. Le personnage de Snake doit se faufiler dans une base militaire et éviter les rencontres directes avec les soldats ennemis. Cela n’a rien de spectaculaire aujourd’hui, mais il y a 40 ans, l’idée était révolutionnaire.

Hideo Kojima marque ainsi de son empreinte le genre des jeux d’infiltration pour les générations à venir, illustrant par la même occasion le rôle de visionnaire qu’il joue dans l’industrie.

Pendant que les gardes courent vers la droite, Snake se faufile derrière eux.
Pendant que les gardes courent vers la droite, Snake se faufile derrière eux.
Source : YouTube / Khonziel

3) Succès et séparation

Au vu du triomphe de Metal Gear Solid avec sept millions d’unités vendues sur PlayStation 1, la voie du succès persistant d’Hideo est tracée.

Psycho Mantis de « Metal Gear Solid » fait partie des boss de jeu vidéo les plus connus.
Psycho Mantis de « Metal Gear Solid » fait partie des boss de jeu vidéo les plus connus.
Source : YouTube / Boss Fight Database

Dans les années qui suivent, plusieurs suites de Metal Gear Solid sont publiées en collaboration avec Konami pour les consoles PlayStation. Puis, au fil des ans, la coopération avec l’éditeur japonais se détériore jusqu’à ce que les deux parties se séparent en 2015.

La séparation de H. Kojima et Konami est accompagnée de nombreuses spéculations. Ni Konami ni Hideo ne s’expriment publiquement sur les raisons de cette décision. L’atmosphère est pesante pendant le développement du cinquième et dernier volet de la série Metal Gear Solid. C’est ainsi que naissent les rumeurs les plus folles sur les raisons qui ont poussé Konami à interdire (site en anglais) à Hideo de participer aux Game Awards 2015.

Aujourd’hui, Hideo Kojima est acclamé aux Game Awards.
Aujourd’hui, Hideo Kojima est acclamé aux Game Awards.
Source : The Game Awards 2023

Durant cette période, le projet de P.T. censé insuffler une nouvelle vie à la série Silent Hill est mis en pause. De nombreux éléments de ce jeu, dont les célébrités impliquées, seront repris plus tard dans Death Stranding, le premier jeu qu’Hideo publie avec son nouveau studio (Kojima Productions) après sa séparation de Konami. De nombreux fans d’horreur regrettent encore que P.T. n’ait jamais vu le jour, notamment parce que la démo retirée des magasins à la fin de la collaboration fait partie des fameux fichiers perdus.

La séparation difficile fait passer Hideo pour un génie incompris. De nombreuses personnes considèrent Konami comme « la méchante » de l’histoire, pour avoir fait fuir un créateur de jeux légendaire. Dans un conflit entre un individu et une entreprise, on accorde souvent plus de sympathie à l’individu, d’autant plus lorsqu’il est derrière une franchise populaire et que ses futurs projets sont attendus avec impatience.

4) Un fan qui collectionne les célébrités comme des Pokémon

Hideo se présente comme un fan sur les réseaux sociaux, postant un selfie avec une célébrité par ci, une photo de sortie au cinéma par là, sans oublier de dire ce qu’il a pensé du film. Cette relation sans intermédiaire confère une impression de proximité à ses propres fans, contrastant avec de nombreuses autres personnalités de l’industrie du jeu. Hideo le groupie va même jusqu’à intégrer ses acteurs et actrices préférées dans ses jeux.

L’actrice sur le t-shirt d’Hideo est Margaret Qualley, qui joue également un rôle dans « Death Stranding ».
L’actrice sur le t-shirt d’Hideo est Margaret Qualley, qui joue également un rôle dans « Death Stranding ».
Source : Instagram / hideo_kojima

Le meilleur exemple de la frénésie de Kojima à collectionner les célébrités est celui des deux jeux Death Stranding :

  • Norman Reedus (The Walking Dead, Ballerina) ;
  • Mads Mikkelsen (Hannibal, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée) ;
  • Léa Seydoux (Dune : Part Two, James Bond 007 : Mourir peut attendre) ;
  • Troy Baker (The Last of Us, Indiana Jones et le Cercle de Pierre) ;
  • Margaret Qualley (Once Upon a Time In... Hollywood, The Substance) ;
  • Guillermo del Toro (réalisateur de Le Labyrinthe de Pan, et de La Forme de l’Eau) ;
  • Jesse Corti (doublage de La Belle et la Bête et de Zoomania) ;
  • etc.

Avec un tel casting de célébrités dans les jeux Death Stranding, tout le monde y gagne. En effet, grâce à la valeur de reconnaissance apportée au public, ce dernier sera plus susceptible de se lancer dans un marathon de séries The Walking Dead la prochaine fois qu’il posera son regard sur le visage de Norman Reedus. C’est par exemple grâce au premier Death Stranding que j’ai découvert l’acteur Mads Mikkelsen, dans le rôle tragique de Cliff Unger.

5) Des jeux bizarres qui plaisent

Enfin, les jeux d’Hideo sont sacrément étranges et cela ne nuit pas à leur réputation, bien au contraire. Dans Metal Gear Solid, les individus démontent facilement les véhicules lourds tels que les hélicoptères ou les tanks, et la série enchaîne les rebondissements sans que l’on ait le temps de reprendre son souffle.

Pour sa part, Death Stranding est next level en termes de bizarrerie. Les péripéties les plus insondables s’y multiplient dans une histoire que presque personne ne comprend du premier coup. Lorsque mon personnage Sam Porter meurt et renaît, je joue l’âme qui flotte à nouveau dans le corps mort. Pour ce faire, je plonge dans son œsophage en passant par sa bouche. À la fin, les yeux globuleux d’un bébé me regardent, suçant gaillardement son pouce. C’est quand même bizarre.

À d’autres moments, je calme mon bébé en faisant pipi. Un des personnages arrête son rythme cardiaque toutes les quelques minutes pour voyager dans l’au-delà. La conversation décalée suivante faisant référence à Super Mario existe réellement dans le jeu :

« Princess Beach » ?! Comme vous pouvez le constater, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Le fait est que la nature étrange des jeux d’Hideo, faisant écho à la nature innovante, créative et avant-gardiste de sa carrière de développeur, charme une partie de son public.

En tant que joueuse, je sais que les jeux écrits par Hideo Kojima auront tendance à me faire perdre mon latin, ce qui n’est pas négligeable dans un secteur où les studios AAA adoptent une approche conservatrice pour ne pas prendre de risques. Autant vous le dire tout de suite, Kojima Productions n’est pas près de mettre la clé sous la porte. Avec des jeux confirmés comme OD et Physint, Kojima Productions nous en met justement déjà l’eau à la bouche.

Photo d’en-tête : Instagram / hideo_kojima

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J'ai rédigé mon premier texte sur les jeux vidéo à l'âge de huit ans. Je n'ai plus pu m'arrêter depuis. Mon amour pour Husbando 2D, Monster, mes chats et le sport complètent ma passion.

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