En coulisse

Ghosting : elle s’est évaporée du jour au lendemain

23/9/2025

Traduction : Stéphanie Casada

Elle n’a jamais reçu mon dernier message WhatsApp. Depuis, une question me hante : que s’est-il passé ? J’ai demandé l’avis d’une experte.

Moi : « On devrait faire une pause, je crois qu’on n’arrivera pas à se mettre d’accord. » – Elle : « Je suis du même avis. » Fin de la conversation. C’est la dernière fois que j’ai entendu mon amie. Trois jours plus tard, sa photo de profil Whatsapp avait disparu.

Depuis, je suis perplexe : m’a-t-elle vraiment bloqué à cause d’une divergence d’opinions ? Ou peut-être sa réaction était-elle tout simplement prévisible ? À dire vrai, avant ce désaccord, notre amitié avait déjà changé. Elle ne répondait presque plus au téléphone, rappelait rarement et répondait bien trop souvent à mes textos par un simple 👍. Quand on se téléphonait, c’était uniquement pour qu’elle se plaigne de son compagnon ou de son travail. Au début, je faisais preuve de patience et mettais mes propres sujets de côté. « Elle traverse une période difficile, ça va passer », ai-je pensé. Après tout, nous nous connaissons depuis des années.

Mais lorsque sa « phase » s’est étendue sur plusieurs mois, cela a fini par m’affecter. D’un côté, je m’inquiétais pour elle, mais de l’autre, j’étais frustrée par le fait qu’elle m’étouffait. Notre amitié s’était peu à peu dégradée.

(Pas de) discussion pour s’expliquer

J’ai longuement réfléchi à la manière d’aborder la situation. Quand je l’ai fait, on s’est tout de suite embrouillées. « J’aimerais que tu t’investisses davantage dans notre amitié. Tu penses que c’est possible ? », lui ai-je demandé. Elle s’est braquée, m’a fait des reproches. « Tu n’es vraiment qu’une égoïste. J’ai déjà tellement de problèmes en ce moment et tu oses venir me dire ça. » Fin de la conversation. Je me suis sentie prise au dépourvu, je ne comprenais rien. Dans le premier paragraphe, vous avez déjà lu notre dernier échange.

Depuis, elle me ghoste. Cela suscite des sentiments partagés et soulève de nombreuses questions. Ai-je dit quelque chose de mal ? A-t-elle cessé de m’aimer depuis longtemps ? Que se passe-t-il au juste ? Plutôt que de me perdre dans des spéculations sur le « pourquoi », je m’engage dans une démarche scientifique.

Ce que dit la science

Depuis Tinder & Cie, le ghosting, qui n’est autre que le fait d’ignorer une personne, n’est pas nouveau. Sur les applis de rencontre, toutes celles et ceux qui ne veulent pas de deuxième rendez-vous arrêtent tout simplement de répondre. En revanche, concernant le ghosting dans les relations amicales, l’université de Vienne a publié une étude (en anglais). Les résultats me font réfléchir. L’étude précise que « les personnes ayant une haute estime d’elles-mêmes sont plus enclines à ghoster leurs amis. » En revanche, le surmenage ou les tendances dépressives ne jouent qu’un rôle secondaire. Cela me surprend, car jusqu’à présent, je pensais que seules les personnes qui craignaient les conflits coupaient le contact sans prévenir.

Je m’entretiens donc avec Michaela Forrai, l’autrice de l’étude, afin de mieux comprendre mon expérience avec mon amie. « Le ghosting peut être un choix conscient et actif. Cela dit, les messages peuvent également être, par exemple, simplement oubliés ou remis à plus tard. Si un trop long laps de temps s’est écoulé, on n’ose parfois plus répondre ‘trop tard’ », m’explique l’experte. « En tant que personne ghostée, on ne sait généralement pas ce qu’il en est. C’est précisément cette incertitude qui rend la gestion de cette situation si difficile. »

Dans mon cas, je ne pense pas que mon amie ait hésité à répondre avec du retard. Cela ne lui ressemble pas. En plus, elle m’a bloquée. Alors, voulait-elle simplement me rayer de sa vie ? Cela voudrait dire que nous partageons toutes les deux le même sentiment, à savoir que notre ancien mode de fonctionnement n’est plus adapté. Pourquoi ne pouvions-nous pas tout simplement en parler ? Michaela Forrai explique : « Le ghosting peut d’abord apparaître comme la solution de facilité. Les personnes ayant une bonne estime d’elles-mêmes sont plus enclines à pratiquer le ghosting et à se pardonner. C’est peut-être pour cela qu’elles acceptent plus facilement les conséquences pour les ghostés, qui se sentent souvent tristes et ruminent. »

La solution : relever la tête et passer à autre chose

C’est exactement ce que j’ai ressenti. C’est pourquoi, il y a quelques semaines, j’ai décidé d’écrire un e-mail à mon amie. Est-ce qu’elle l’a lu ? Je n’en ai aucune idée. Je voulais au moins lui écrire quelques mots pour lui exprimer à quel point je trouvais regrettable la manière dont les choses avaient évolué. Mais aussi que je l’avais vu venir, et à quel point je trouve son comportement inadapté.

Ai-je eu tort ? « Non, on peut tout à fait le faire si cela nous aide à nous sentir mieux. Mais si l’on est sûr qu’il s’agit d’une erreur, un petit ‘J’espère que tu vas bien et cela me ferait plaisir d’avoir de tes nouvelles’ peut aider à se retrouver. Dans les deux cas il ne faut cependant pas attendre de réponse car cela ne ferait qu’augmenter la frustration », conseille Michaela Forrai.

Des mots clairs. Je n’avais pas vu ça sous cet angle. Jusqu’à présent, j’étais partie du principe que « pour se disputer, il faut être deux », comme le dit si bien ma maman. Mais je commence à me dire qu’il pourrait en être autrement. C’est libérateur. Je peux faire la paix. Et qui sait ? Peut-être que cette place libre dans mon cercle de connaissances sera un jour comblée par une personne avec laquelle je m’entends mieux.

Envie d’en savoir plus sur le ghosting ? Je peux vous conseiller ce livre, mais il est en allemand. Il décrit le phénomène sous deux angles : celui des personnes qui ghostent et celui des personnes ghostées.

Ouvrages spécialisés

Ghosting

Allemand, Tina Soliman, 2019

Vous a-t-on déjà ghosté ? Si oui, comment avez-vous réagi ? Racontez-moi tout en commentaires.

Photo d’en-tête : Anika Schulz/Whatsapp

Cet article plaît à 44 personne(s)

Anika Schulz

Teamleader Editorial

Anika.Schulz@galaxus.de

Enfant, c'est avec Mario Kart sur la SNES que j'ai entamé ma vie sociale. Après ma maturité, je me suis tournée vers le journalisme et en tant que cheffe d'équipe chez Galaxus, je suis aujourd'hui responsable des actualités. Trekkie et ingénieure.

En coulisse

Des informations intéressantes sur le monde des produits, un aperçu des coulisses des fabricants et des portraits de personnalités intéressantes.

Tout afficher

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

En coulisse
Problèmes de riches : quand les enfants n’ont plus d’idées cadeaux
par Michael Restin
En coulisse
"Noël est le cadre parfait dans lequel des conflits cachés peuvent conduire à la rupture".
par Martin Jungfer
En coulisse
Des circuits sympas pour les jours de canicule
par Darina Schweizer