
Nouveautés + tendances
Nouvelle étude : les IA discriminent les humains
par Debora Pape
Un instrument de diagnostic classique reçoit une mise à jour numérique : les stéthoscopes à IA analysent l'ECG et les bruits cardiaques en temps réel. Une étude britannique démontre que cette technologie accélère considérablement les diagnostics.
Un stéthoscope qui ne se contente pas d'entendre, mais qui pense aussi : dans le cadre d'une étude à grande échelle, des chercheurs de l'Imperial College London et du Imperial College Healthcare NHS Trust ont montré comment un outil de diagnostic basé sur l'IA peut détecter trois maladies cardiaques graves en quelques secondes.
La technologie a été développée par la société américaine Eko Health. Mais ce sont des scientifiques britanniques qui l'ont testée, adaptée et validée cliniquement. Ils ont utilisé le stéthoscope pour la première fois de manière systématique et à titre d'essai dans le cadre de soins primaires.
L'appareil utilisé, le «Eko Duo», fait partie de la gamme de stéthoscopes numériques d'Eko Health. L'entreprise est spécialisée depuis une dizaine d'années dans le diagnostic cardiaque assisté par IA et travaille notamment avec la Mayo Clinic, de renommée mondiale.
Les appareils enregistrent les bruits du cœur et des poumons ainsi que les données de l'ECG et les envoient dans le cloud pour analyse. La plate-forme d'intelligence artificielle de l'entreprise «Sensora», certifiée par le ministère américain de la Santé, y est utilisée. Elle identifie des modèles dans les données et diagnostique les maladies cardiaques pertinentes telles que l'insuffisance cardiaque ou la fibrillation auriculaire.
En moins de 15 secondes, la personne traitante reçoit un retour sur son smartphone pour savoir s'il y a un risque d'insuffisance cardiaque. Un autre algorithme détecte la fibrillation auriculaire, un trouble du rythme souvent asymptomatique qui augmente considérablement le risque d'accident vasculaire cérébral.
L'étude britannique, menée dans le cadre du programme «Tricorder», a été réalisée dans plus de 200 cabinets de médecins généralistes à Londres. Au total, 12 725 patients ont été examinés, présentant des symptômes typiques tels que l'essoufflement, la fatigue ou le gonflement des jambes - autant d'indices de possibles problèmes cardiaques.
L'innovation de l'Imperial College ne résidait pas dans le développement du matériel ou de l'IA originale, mais dans sa mise en œuvre clinique : les chercheurs ont combiné la technologie commerciale d'Eko avec leurs propres recherches sur l'IA. Ils ont adapté les algorithmes au contexte britannique et ont testé la fiabilité et la praticabilité du système dans les soins primaires.
Les résultats sont impressionnants : chez les personnes examinées avec le stéthoscope IA, la probabilité d'un diagnostic correct d'insuffisance cardiaque dans les 12 mois suivants était 2,33 fois plus élevée. La fibrillation auriculaire était 3,45 fois plus souvent détectée et les valvulopathies 1,92 fois plus souvent.
L'insuffisance cardiaque n'est jusqu'à présent souvent diagnostiquée qu'aux urgences. C'est souvent trop tard pour un traitement optimal. Le nouveau stéthoscope à intelligence artificielle pourrait changer radicalement ce processus. «Les médecins généralistes ne disposent pas encore d'outils simples et précis pour détecter l'insuffisance cardiaque à un stade précoce», explique le Dr Mihir Kelshiker de l'Imperial College London.
Ce nouvel outil permettrait aux médecins généralistes d'effectuer une première évaluation éclairée directement dans leur cabinet et de mettre en place des tests ou des traitements supplémentaires de manière précoce.
Après le succès du projet pilote, le stéthoscope IA devrait maintenant être déployé dans d'autres régions, comme le sud de Londres, le Sussex et le Pays de Galles. Les chercheurs y voient non seulement un progrès médical, mais aussi un allègement du fardeau pour le système de santé. Selon les études, le diagnostic précoce pourrait permettre d'économiser jusqu'à 2400 livres par patient en évitant des traitements d'urgence coûteux.
Le «Eko Duo» est également disponible en Suisse et en Allemagne via des revendeurs spécialisés et est déjà utilisé de manière isolée dans des cabinets médicaux. L'utilisation à grande échelle dans les soins primaires n'en est toutefois qu'à ses débuts, car des études cliniques complètes et des autorisations de mise sur le marché similaires à celles du Royaume-Uni font encore défaut.
Mes intérêts sont variés, j'aime simplement profiter de la vie. Toujours à l'affût de l'actualité dans le domaine des fléchettes, des jeux, des films et des séries.