En règle générale, j'aime me rendre aux enterrements, même si l'occasion reste triste. Ai-je le droit d'apprécier ce moment ? Je pose cette question à une maîtresse de cérémonie qui organise des enterrements et des services funèbres.
Lors d'un enterrement, Harold fait la connaissance de Maude, 79 ans. La personne âgée l'impressionne par son audace, son humour et sa joie de vivre inaltérable, qui ont surmonté de nombreux coups du sort sans se ternir.
Il y a quelques années, j'ai imaginé qu'une fois à la retraite, je parcourrais la rubrique nécrologique avec un mélange d'ennui et de fascination, puis que je choisirais des enterrements qui me semblaient passionnants et que je m'y rendrai.
Maîtresse de cérémonie : « On apprend souvent à connaître une nouvelle facette de la personne décédée lors des funérailles »
Les cérémonies d'adieu et les services funèbres sont également importants pour les proches et la famille, car les personnes endeuillées présentes leur permettent de se rendre compte de ce que la personne décédée représentait pour de très nombreuses personnes. « Et grâce à cette participation, la famille et les proches sont aidés dans leur deuil », poursuit Michaela Tobler.
La volonté des proches est aussi importante
En 1994, le film Four weddings and a funeral, avec Hugh Grant et Andie MacDowell dans les rôles principaux, a également prouvé que les enterrements ne devaient pas être uniquement tristes.
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Lundi, le monde entier avait les yeux rivés sur Londres pour les funérailles de la reine Elizabeth II. Honnêtement, j'aurais beaucoup aimé être de la partie. En effet, les enterrements ont toujours exercé une fascination sur moi. En théorie, ils sont tristes. En théorie. Pourtant, presque à chaque fois que j'ai assisté à un enterrement, je trouvais le moment « beau ». Bon, j'ai eu la chance de ne pas assister à beaucoup d'enterrements jusqu'à présent et, à de très rares exceptions près, les défunts étaient des personnes qui avaient « vécu leur vie ». Et pourtant, j'avais presque un peu honte de me réjouir d'assister à un enterrement et de le percevoir comme quelque chose de positif.
Chaque fois que ces sentiments apparaissaient, je me souvenais du personnage de Harold Chasen dans le film Harold et Maude du scénariste australien Collin Higgins. Cette comédie noire est sortie au cinéma en 1971. Il y est question d'un jeune homme qui grandit dans une maison de campagne spacieuse. En fait, Harold pourrait profiter d'une vie tranquille dans le luxe, mais, au lieu de cela, il tente de déstabiliser sa mère en mettant en scène des suicides. De son côté, sa mère tente de trouver une épouse pour son fils, ce qu'Harold sait habilement empêcher. Son seul plaisir est d'assister aux enterrements, pour lesquels il s'achète un corbillard noir.
Harold aime assister à des enterrements et c'est lors de l'un d'eux qu'il fait la connaissance de Maude. Source : Keystone
Voici les raisons pour lesquelles j'aime aller aux enterrements. Premièrement, à cause du besoin humain de faire ses adieux et de rendre un dernier hommage au défunt. Deuxièmement, pour montrer aux proches et à la famille du défunt à quel point il comptait pour moi aussi. Souvent, notamment lorsqu'un membre éloigné de la famille est décédé, on rencontre des personnes que l'on n'avait encore jamais vues ou plus vues depuis des lustres. Troisièmement, j'aime être confronté à la finitude de la vie. Je trouve que nous avons trop tendance à l'ignorer dans notre société. Et quatrièmement, pour se réjouir de la vie que l'on a encore devant soi, contrairement à la personne décédée et de célébrer cela lors du repas funéraire, où il n'est pas rare que l'ambiance soit joyeuse et détendue.
Mon penchant pour les enterrements est-il encore normal ? Je contacte Michaela Tobler. Elle est maîtresse de cérémonie et dirige en tant que telle les services funéraires et les enterrements depuis plus d'un an et demi. « Bien sûr, un enterrement, un service funèbre ou tout simplement la mort d'un être cher est triste », explique Michaela Tobler. En fin de compte, il serait question de dire merci et de rendre hommage à la personne décédée. Dans le cas d'une personne où l'on pourrait dire « qu'elle a vécu sa vie », le sentiment de gratitude prédomine généralement. « Il en va évidemment autrement lorsque des enfants ou des adolescents doivent être enterrés ou que la personne est tout simplement décédée trop tôt ou dans des circonstances particulièrement tragiques. »
Michaela Tobler, maîtresse de cérémonie, explique : « La famille et les proches sont portés par la compassion des personnes qui participent. »
En règle générale, un enterrement serait la dernière fête « qui se déroule exactement dans cette constellation ». De plus, les enterrements sont souvent l'occasion pour des personnes qui ne se sont pas vues depuis longtemps de se retrouver, ou pour celles qui ne se sont jamais vues, de faire connaissance. « Il arrive aussi souvent que l'on découvre une nouvelle facette de la personne décédée à ses funérailles. Il n'est pas rare que des photos ou des diapositives soient encore montrées lors de la veillée funèbre et que l'on se remémore ensemble de bons souvenirs », ajoute Michaela Tobler.
Même si de nombreuses personnes se sentent de moins en moins appartenir à une religion ou à une église, le désir d'un rituel d'adieu demeure. « En Suisse, nous avons la chance que toutes les formes d'enterrement soient autorisées, même dans la nature », souligne la maîtresse de cérémonie. Et c'est justement parce qu'elle n'est pas liée aux directives de l'Église qu'elle est libre dans l'organisation des cérémonies. Un fan de heavy métal décédé aurait souhaité la chanson Highway to Hell pour ses obsèques, car il se réjouissait de retrouver ses amis décédés avant lui.
Un message est important pour Michaela Tobler : « Lorsqu'un être cher meurt, on oublie souvent qu'il faut prendre son temps et ne pas se presser. » Elle a déjà fait plusieurs fois l'expérience que prendre son temps lorsqu'il s'agit de savoir comment dire adieu à un être cher est une bonne chose. « Bien sûr, cela aide de connaître les souhaits du défunt. Mais il est également important de clarifier ce qui est important pour soi en tant que proche du défunt. »
À quoi ressemblera mon propre enterrement dans un avenir que j'espère lointain ? Bien entendu, j'ai déjà donné quelques instructions à ma femme et à mes enfants : « J’aimerais que vous jouiez cette chanson ou c'est là que je veux que mes cendres soient dispersées. » Et bien sûr, j'espère que de nombreuses personnes me feront l'honneur d'assister à mon enterrement et de se remémorer ensemble ce que j'espère être de bons souvenirs ; comme j'ai l'habitude de le faire.
