
En coulisse
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par Siri Schubert
Ma collection de films représente beaucoup pour moi : j’y ai mis tout mon cœur, toute ma passion et, oui, aussi beaucoup d’argent. Pendant des années, je l’ai fièrement exposée dans mon salon. Peu à peu, les films et ma passion pour la collection ont pris beaucoup de poussière. C’est pourquoi je suis prêt à m’en séparer.
200 francs suisses. C’est tout ce qu’il me reste de ma collection de DVD et de Blu-ray. Ou plutôt, c’est tout ce qu’il en restait, car l’argent a depuis longtemps été dépensé pour nos courses hebdomadaires.
J’ai toujours été un collectionneur. Dans mon enfance et au début de mon adolescence, les objets de ma convoitise étaient les timbres. Rien de plus classique. Plus tard, ils ont été remplacés, entre autres, par les NBA Trading Cards. Qu’il s’agissait de pins ou d’autocollants, il y avait toujours quelque chose à collectionner, sauf les opercules de crème à café. Ceux-là, je les ai laissés de côté (contrairement à ma mère).
Mais à un moment donné, ma passion pour le cinéma s’est complètement emparée de moi. Cela a également eu un impact sur mes objets de collection préférés, auxquels je suis resté fidèle le plus longtemps. J’ai commencé à demander des films à chaque occasion ou à les acheter moi-même. En VHS, bien sûr. Après tout, jusqu’à la fin des années 1990, la cassette vidéo était le support le plus répandu pour les soirées cinéma à la maison.
À la fin du XXe siècle, j’avais ainsi constitué ma première petite collection de films d’environ 250 cassettes VHS originales. Une collection modeste, mais de grande qualité. Je passe toutefois sous silence les éventuelles copies pirates. Puis est arrivé le DVD qui allait tout changer. Ce petit disque argenté a fait disparaître les piles de cassettes vidéo noires aussi rapidement que le CD l’avait fait avec les cassettes audio. Et c’est ainsi que j’ai commencé à collectionner des films sur DVD. Qu’est devenue ma collection de VHS ? Je l’ai rangée dans la cave et l’ai oubliée, jusqu’à ce que je m’en débarrasse quelques années plus tard, avec un peu de remords.
Au début, je n’étais pas difficile en matière de DVD. Je voulais simplement en avoir le plus possible. Plus tard, j’ai commencé à me spécialiser en traversant différentes phases. Il y a eu une période où je me suis consacré intensément aux films d’horreur et où je n’achetais que ce type de DVD. Ou alors, pendant des mois, je n’ai épargné aucun effort pour trouver sur Internet les versions intégrales et originales de films asiatiques tels que Ichi the Killer ou Audition. Les mediabooks et les coffrets collector étaient également très convoités. En gros, tout ce qui était exclusif, en édition limitée et financièrement abordable.
C’est ainsi que j’en suis arrivé à 841 films : 674 DVD et 167 Blu-ray. Certes, ce n’est pas la collection ultime, mais elle me suffisait amplement. Même nos invités étaient impressionnés. Il y aurait d’ailleurs eu une centaine de films de plus si je n’avais pas accidentellement jeté un carton à la déchetterie... La honte !
À propos, lorsque ma femme et moi avons emménagé ensemble il y a dix ans, il était clair que ma collection de films ferait partie de l’aménagement intérieur. Six mois et près d’une douzaine d’étagères à DVD plus tard, c’était enfin chose faite : ma fierté ornait notre salon.
Cette fierté a toutefois rapidement pris la poussière, au sens propre comme au figuré. Le streaming s’est diversifié et a gagné en importance, tandis que les supports physiques étaient de moins en moins demandés. Je me suis de moins en moins tourné vers mon étagère à films, d’autres choses dans la vie devenaient plus importantes. Ma passion pour la collection s’est peu à peu éteinte, jusqu’à disparaître complètement. Il ne restait plus qu’un accroche-regard impressionnant, mais poussiéreux.
« Imagine un peu à quoi ressemblerait le salon sans les films », m’a suggéré ma femme il y a environ six mois. Tout en douceur et sans me mettre la pression. Elle sait comment m’annoncer des changements, car je n’aime pas vraiment ça. Et en effet, elle a réussi à semer le doute. Au début, je suis réticent, mais l’idée prend peu à peu forme. Jusqu’à ce que je prenne la décision, presque tout seul, de me séparer de ma collection de films.
Mais comment me débarrasser de 841 films ? De la même manière que ma collection de VHS ? C’est hors de question ! Les vendre un par un sur des marchés aux puces ? Non, c’est trop fatigant et fastidieux ! En cherchant une bonne solution, je tombe sur une boutique (en allemand) dont le propriétaire, Simon Freiermuth, achète encore des collections complètes (en allemand). Il précise toutefois qu’il ne peut plus payer beaucoup pour des films d’occasion. Avec le succès des services de streaming, la demande a considérablement diminué ces dernières années.
À ce stade, je suis déjà conscient que je n’obtiendrai pas autant pour ma collection de films que ce qu’elle vaut réellement. Avec les prix d’achat de Simon (environ 10 centimes par DVD et 50 centimes par Blu-ray), je table sur 150 francs. Je peux m’en contenter, d’autant plus que je me débarrasse d’un coup de ma collection, à laquelle j’ai déjà fait mes adieux intérieurement.
Ma femme et moi avons donc commencé à faire le tri. Les étagères vides seront emportées par les éboueurs, les films sont rangés dans des cartons de déménagement. Sept au total. Je ne fais aucune concession et je ne garde rien... À l’exception de l’édition collector ultime de la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan (https://www.youtube.com/watch?v=YH7UXJdUuEQ), que je conserverai pour toujours. Un point c’est tout !
Et puis ça y est : le lendemain, je mets les cartons dans la voiture et je me rends à Olten, dans le magasin de Simon Freiermuth.
Une fois sur place, je suis presque sous le choc, dans le bon sens du terme. Simon gère un véritable paradis pour les nerds : son magasin regorge de films, de jeux, de produits dérivés et de cartes à collectionner de toutes sortes. Pendant qu’il vérifie rapidement mes films, je me promène avec enthousiasme dans les rayons, admirant tout et ne cessant de m’émerveiller.
Comment peut-on ranger autant de matériel dans un espace aussi restreint ? Avant, Simon vendait presque exclusivement des films. Lorsque la demande a baissé, il a élargi son assortiment. Désormais, il vend principalement des jeux et des articles dérivés tels que des figurines Funko Pop. Il considère le magasin comme une sorte de deuxième salon. Sa chambre de nerd à la maison s’est transformée en chambre d’enfant, explique ce père de deux enfants, lui-même ancien collectionneur passionné de films. Aujourd’hui, tout ce qui n’est pas encore vendu fait en quelque sorte encore partie de sa collection.
Il y a quelques années encore, le petit geek qui sommeille en moi n’aurait pas pu résister. La tentation est bien là (« Allez, juste une peluche pour ma fille »), mais je reste ferme. Je suis ici pour jeter du lest, pas pour acheter de nouvelles choses !
Simon doit lui aussi régulièrement faire le tri. Il estime qu’il donne environ la moitié de tous les films qu’il achète à des brocanteurs. Il fait surtout des affaires avec des exemplaires recherchés, des films épuisés depuis longtemps, des éditions collector, des mediabooks et des steelbooks spéciaux.
A-t-il aussi trouvé une ou deux perles dans ma collection ? Après à peine 30 minutes, Simon ne peut pas encore se prononcer avec certitude. Il regardera plus en détail après la fermeture du magasin. Après tout, il doit conseiller et servir la clientèle qui entre et sort pendant que je suis là. Il ne lui échappe toutefois pas que ma collection ne se compose pas uniquement d’articles courants, mais aussi de quelques bijoux. En tout cas, il m’offre 200 francs, soit un peu plus que ce que j’espérais. J’accepte sans hésiter.
Quelques minutes plus tard, je quitte le magasin de Simon. Je suis un peu nostalgique, mais je me sens aussi soulagé et libéré. Et j’ai la certitude que mes films sont entre de bonnes mains.
Ma carrière de chasseur-cueilleur est en tout cas terminée pour l’instant. Je ne saurais d’ailleurs pas quoi collectionner actuellement, à part les points Cumulus lors des achats.
Que collectionnez-vous ? De quoi vous êtes-vous séparé à contrecœur ? Dites-le-moi dans les commentaires !
Je suis un papa et un mari pur-sang, un nerd et un éleveur de poulets à temps partiel, un dompteur de chats et un amoureux des animaux. J'aimerais tout savoir, mais je ne sais rien. Je sais encore moins de choses, mais j'en apprends tous les jours. Ce qui me plaît, c'est le maniement des mots, parlés et écrits. Et c'est ce que je peux démontrer ici.