
Critique
"Atomfall" à l'essai : un concept passionnant, une réalisation cahoteuse
par Philipp Rüegg
Ce nouveau jeu vidéo débordant de bonnes surprises est un savant mélange entre la pêche sous-marine et la gestion d’un restaurant.
Dave the Diver est absolument génial. Comment ? Cela ne suffit pas ? Vous voulez vraiment en savoir plus ? Je préfèrerais retourner jouer ! Je dois encore trouver un os de baleine, un requin blanc qui rôde dans les environs et faire un tour au restaurant pour vérifier que tout se passe bien. Bon, d’accord... maintenant que je suis là.
Dans la peau de Dave, plongeur bien nourri, j’explore les profondeurs de la mystérieuse baie de Blue Hole. Au début, le jeu du studio coréen Mintrocket consiste à pêcher suffisamment de poissons dans un magnifique spot de plongée pour que la clientèle du restaurant de sushis ait quelque chose à se mettre sous la dent le soir. Dave y sert des plats de poissons exotiques préparés par Bancho, une légende vivante de la gastronomie qui ne parle pas beaucoup. Cette boucle de gameplay est déjà très agréable à jouer, mais elle n’est que le début d’une aventure inoubliable.
Dans cette formidable aventure en pixels, je passe la majeure partie de mon temps sous l’eau. Au début, je ne chasse que des petits poissons avec mon vieux harpon. Pour cela, je maintiens la touche A/X enfoncée, je vise avec le stick analogique gauche et je tire avec RT/RB. Le temps de m’habituer, j’arrive rapidement à toucher les poissons les plus agiles.
Le deuxième jour, je fais la connaissance de Duff. Un geek weeb passionné d’armes qui me fabrique de l’équipement supplémentaire comme un fusil harpon, un lance-filet et des fléchettes tranquillisantes. Il n’est pas rentable de tirer au hasard sur des animaux marins. Les poissons que j’attrape au filet ou que j’endors sont de meilleure qualité et se vendent à un prix plus élevé au restaurant. Pour les plus grosses prises comme les thons ou les requins, je peux même avoir recours à des drones sous-marins et à des mines lance-filet. Sans oublier que les profondeurs de la mer recèlent de dangers. Les requins et autres poissons agressifs m’attaquent. Comme la jauge d’oxygène est liée à la jauge de vie, il faut y faire particulièrement attention.
Outre les combats, la dextérité est de mise. Lorsqu’on attrape un poisson avec un harpon, le jeu demande parfois de réaliser des combinaisons de touches spéciales. Je dois faire des mouvements rapides avec le stick analogique gauche ou réagir vite et appuyer sur une touche pour remplir la barre qui s’affiche. Dans la plupart des jeux, ces défis en temps réel ne sont qu’une formalité. Dans Dave the Diver, en revanche, appuyer tranquillement sur un ou deux boutons ne suffit pas. Je dois tourner ou marteler les boutons avec tellement d’énergie que je me fais du souci pour ma manette.
Deux sessions de plongée par jour sont possibles au début du jeu : une le matin et une l’après-midi. En théorie, je peux plonger aussi longtemps que je le souhaite, tant que je ne manque pas d’oxygène. Grâce aux réservoirs d’oxygène que je trouve en chemin, je peux rester sous l’eau plus longtemps que la durée maximale autorisée dans n’importe quel cours de plongée. Si j’arrive à court d’air, je ne meurs pas, mais je perds tout mon butin et je ne peux sauver qu’un objet.
En dépit de ce danger, le monde sous-marin est accueillant et relaxant, entre autres grâce à sa bande-son. Souvent, je n’ai même plus envie de remonter à la surface.
Au fil du jeu, je découvre de nouvelles espèces de poissons. Je dois améliorer ma combinaison pour plonger plus profond. Une plus grande capacité de transport et des bouteilles d’oxygène plus grandes ne seraient pas de trop pour rester plus longtemps sous l’eau. Je les mets sur ma liste de souhaits. Vous pouvez acheter tout cela et bien plus encore dans l’application iDiver. Presque toutes les interactions ainsi que l’organisation de missions spéciales ont lieu sur le smartphone.
Vous pouvez vous voir confier des missions de recherche menées par une écologiste acerbe qui préfère rester au sec, de collectes de cartes appelées Marinca ou encore de retrouver une civilisation sous-marine dont le Dr Bacon vous affirme l’existence. Car oui, il ne s’agit pas seulement de pêcher et de manger dans Dave the Diver. L’histoire présente une certaine profondeur. Des aventures comme l’exploration d’épaves englouties, le sauvetage de dauphins roses ou les combats contre des calmars géants ne sont pas rares. En parallèle, j’enquête sur les mystères des tremblements de terre sous-marins. Et ce n’est pas tout, loin de là. Quand je pense avoir tout vu, le jeu me sert une nouvelle mécanique. Les découvrir faisant partie du plaisir, je ne vous en dis pas plus. Et puis, le restaurant est une composante majeure du jeu.
En fonction de ma pêche du jour, Bancho prépare des plats de poisson exotiques dans le restaurant de sushis. C’est moi qui détermine le menu. Tant qu’il y a suffisamment d’ingrédients, je peux améliorer les plats qui plaisent à la clientèle et qui atteignent des prix plus élevés. Mais attention, je dois aussi décider la quantité préparée pour un service. Si nous préparons trop de riz au poisson-chauve-souris, le reste finira à la poubelle. Il en va de même si je suis trop lent lors du service. Dès que j’ouvre le restaurant, la clientèle afflue et demande à être servie. Et il faut dire qu’elle a moins de patience que certaines personnes en Suisse. Je sprinte entre la cuisine et la salle, en gardant toujours un œil sur ma jauge d’endurance. Si j’en fais trop, Dave reste derrière le comptoir pour récupérer.
Il faut faire attention à la réserve de wasabi et à débarrasser rapidement. Heureusement, je peux recruter du personnel supplémentaire en publiant une annonce. Je dois ensuite former ces nouveaux membres du personnel pour qu’ils deviennent plus rapides et qu’ils apprennent à préparer des boissons, car ils ne savent pas le faire dès le départ.
La clientèle satisfaite partage son enthousiasme sur Cookstagram. Oubliez Instagram et TikTok. Cooksta est l’appli du moment. C’est un détail amusant, mais les photos des plats imaginatifs, dessinées avec amour, sont un vrai régal pour les yeux.
Comme si la clientèle ordinaire ne suffisait pas, des VIP visitent le restaurant à intervalles réguliers. À ces occasions, Bancho concocte des petites merveilles. Pour moi, cela signifie que je dois parcourir l’océan à la recherche de nouveaux ingrédients insolites. Si nous réussissons à servir ces plats, j’ai le droit à une petite cinématique. Les clips sont un mélange d’anime et de films de samouraïs en pixels. Ils ne durent que quelques secondes, mais sont si bien mis en scène que je ne les ai pas sautés, même la deuxième et la troisième fois. C’est pareil lorsque j’améliore mon équipement chez Duff ou que j’apprends un nouveau menu. Ce jeu est classe, tout simplement.
Depuis que j’ai mordu à l’hameçon, j’ai du mal à arrêter de jouer à Dave the Diver. Même après 20 heures, je me prends au jeu de la chasse aux poissons avec autant d’enthousiasme que lors de ma première plongée. Le monde coloré des poissons et l’arsenal croissant d’équipements originaux veillent à ce que je ne m’ennuie jamais. Au restaurant de sushis aussi, il y a toujours quelque chose à faire. La soirée de gestion et de service trépidante est parfaitement compensée par les plongées plus intimes en solitaire. Comme si cela ne suffisaient pas, le jeu ajoute régulièrement de nouveaux éléments.
Dave the Diver n’est pas une simple liste de choses à faire. Enfin, en fait, si. Il existe même une appli correspondante. Mais les tâches sont enveloppées dans un récit divertissant, parsemé de personnages hauts en couleur, de sorte qu’on n’a jamais l’impression de travailler. Lorsqu’une dame âgée pagaie sur son radeau en direction de mon bateau, je me frotte joyeusement les mains. Qui va là, par cette belle journée ?
L’histoire de Bancho, le taciturne gourou du sushi, les mystérieuses créatures sous-marines et les tremblements de terre qui secouent le Blue Hole ne font que renouveler mon enthousiasme. L’amour mis dans la création de ce jeu se ressent à tous les coins de rue. Si je devais faire un reproche au jeu, le monde sous-marin pourrait être un peu plus coloré et varié. Cela est compensé par les courtes cinématiques qui me font toujours rire.
Dave the Diver est une grande aventure à ne pas manquer, surtout parce qu’elle ne coûte même pas 30 francs suisses.
Le jeu est disponible sur PC et Mac, et il m’a été fourni par Mintrocket.
En tant que fou de jeu et de gadgets, je suis dans mon élément chez digitec et Galaxus. Quand je ne suis pas comme Tim Taylor à bidouiller mon PC ou en train de parler de jeux dans mon Podcast http://www.onemorelevel.ch, j’aime bien me poser sur mon biclou et trouver quelques bons trails. Je comble mes besoins culturels avec une petite mousse et des conversations profondes lors des matchs souvent très frustrants du FC Winterthour.