Saurez-vous distinguer les mythes et faits sur la créativité ?
Les enfants sont-ils plus créatifs que les adultes ? Faut-il dix ans de travail acharné pour atteindre l’excellence créative ? Une étude internationale examine les connaissances générales sur le sujet de la créativité et montre quelles idées fausses sont répandues.
Il existe de nombreuses histoires sur les esprits créatifs. Ses idées semblent aussi merveilleuses et magiques que le moment où le rideau se lève au théâtre. Pourtant, la science a depuis longtemps acquis des connaissances solides sur cette supposée magie. Un groupe de recherche international s’est penché sur les mythes qui persistent autour du thème de la créativité dans plusieurs pays.
Mathias Benedek, de l’université de Graz, et son équipe ont recruté environ 1 300 adultes sur des plateformes en ligne entre autres en Allemagne, en Autriche, en Chine et aux États-Unis. Les sujets du test se sont vus présenter 30 affirmations sur la créativité, par exemple « La pensée créative se développe principalement dans l’hémisphère droit du cerveau », mélangées à d’autres affirmations, par exemple, issues de la recherche sur le cerveau, ainsi qu’à des questions sur eux-mêmes.
« Les mythes sur la créativité se sont avérés pour 50 % des personnes en moyenne », indiquent Mathias Benedek et ses collègues. Comme ils l’écrivent dans la revue « Personality and Individual Differences, environ 80 % des personnes interrogées sont d’accord avec l’affirmation fausse selon laquelle le remue-méninges en groupe produit plus d’idées que lorsque chacun pense par lui-même. Près de 70 % pensent que les enfants sont plus créatifs que les adultes, et presque autant pensent à tort que la plupart des gens ne peuvent pas distinguer l’art abstrait des dessins d’enfants abstraits. Plus de 50 % d’entre d’eux pensent également que l’hémisphère droit du cerveau est responsable de la pensée créative.
Les personnes questionnées ont eu moins de difficultés avec les faits : ici, par exemple 97 % ont reconnu à raison qu’une pause aide à trouver de nouvelles idées. En revanche, seuls 50 % savent que la première idée n’est souvent pas la meilleure et que les plus grandes réalisations créatives sont généralement précédées de dix ans de travail.
La créativité varie
« Les conceptions profanes étaient caractérisées par une surestimation du hasard et du comportement enfantin », résument les auteurs. Le rôle de l’orientation stratégique et de l’expertise dans la pensée créative est sous-estimé. Cette naïveté est problématique, car les mythes ignorent la quantité de travail acharné qui se cache derrière les réalisations créatives. Ils ont suggéré qu’il suffit d’attendre que la créativité jaillisse comme par miracle. Après tout, la plupart des gens ne pensent pas que la créativité est un talent rare, et seuls quelques-uns pensent à tort qu’elle constituait une mesure fixe et immuable.
Il n’y a pas de corrélation entre l’âge ou le sexe et la croyance aux mythes de la créativité. Cependant, les personnes interrogées qui adhèrent davantage aux idées fausses sont moins diplômées. Ils ont également tendance à puiser leurs connaissances à la télévision, dans les médias sociaux et leur cercle d’amis plutôt que dans les livres, les magazines et les conférences.
Mathias Benedek et ses collègues ne veulent néanmoins pas expliquer la croyance dans les mythes de la créativité simplement par un manque de connaissances. Ils y voient plutôt une tendance à se fier à des opinions ou céder aux heuristiques uniquement parce qu’elles semblent plausibles et scientifiques. Même les experts ne sont pas toujours d’accord sur les hypothèses qui sont suffisamment prouvées ou réfutées, admet le groupe de recherche. La science se caractérise néanmoins par la révision constante de la doctrine dominante. L'état de la recherche sur lequel se base la résolution suivante ne peut donc représenter qu'un état intermédiaire, bien que fondé.
Résolution de « Fait ou mythe »
Les chiffres renvoient à des études que Mathias Benedek et son équipe citent comme exemples de preuves ou de contre-preuves de l’affirmation en question.
Affirmations vraies : 3, 4, 5, 8, 9, 13, 15
Affirmations fausses : 1, 2, 6, 7, 10, 11, 12, 14
Spektrum der Wissenschaft
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Article original sur Spektrum.de
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