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En coulisse

Spoiler Talk : Squid Game, hype ou critique de la société ?

Luca Fontana
29/10/2021
Traduction : Sophie Boissonneau

Effusions de sang ou critique sociétale ? La série Netflix a un message. Mais lequel ? Et pourquoi la série connaît-elle un tel succès ? Intéressons-nous à « Squid Game ».

Avant toute chose, Vous avez entamé la lecture d'un Spoiler Talk. L'article va donc dévoiler des éléments de l'intrigue de la série Netflix Squid Game. Si vous souhaitez regarder la série, faites-le donc avant de lire cet article.


« Connaissez-vous le point commun entre celui qui n'a pas d'argent et celui qui en a trop ? », demande d'une voix fatiguée le vieil homme sur son lit de mort. Toujours sous le choc de la découverte que l'ami qu'il croyait mort, soit vivant et qu'il se cache derrière tout ça, son interlocuteur, le vainqueur du Squid Game, ne sait quoi répondre.

Le vieil homme respire difficilement. Ce sont peut-être ses derniers instants. Mais il continue :

« Aucun des deux ne s'amuse dans la vie. »

Un moyen de sortir de la misère.

C'est non seulement d'une cruauté sans nom, mais c'est aussi très dérangeant.

Quoique glauques, ses idées ne venaient pourtant pas de nulle part.

Corée du Sud : champ de bataille de l'histoire industrielle

Corée du Sud, 1961. Le général Park Chung Hee vient de prendre le pouvoir. Il est à la fois considéré comme le chef de la dictature militaire, mais aussi comme un modernisateur.

Il a commencé par imposer une dictature strictement anticommuniste. Toute opposition était interdite. Les autres partis aussi. Chung Hee s'est ensuite concentré sur la relance économique du pays.

Ses réformes conduisent au déclin de l'agriculture. L'industrie, en revanche, est en plein essor. Là où les familles cultivaient autrefois des centaines d'hectares de riz, elles fusionnent en conglomérats modernes et deviennent la force économique dominante du pays, les chaebols. LG, par exemple. Ou encore Samsung et Hyundai. L'économie sud-coréenne est florissante et découvre un nouveau concept : l'export.

La Corée du Sud devient une démocratie et est depuis considérée comme l'expérience d'économie planifiée la plus réussie au monde.

Jusqu'à ce jour, le gouvernement se refuse à communiquer des chiffres officiels. Le fossé entre les riches et les pauvres est plus profond que jamais.

« Squid Game », série virale qui se fait une place dans la pop culture

Netflix a vu le potentiel de la série en septembre 2019 et a donné son feu vert. La pandémie est arrivée peu de temps après et a changé le monde, pas pour le mieux, comme le présageait Dong-hyuk : son tableau brossé en 2008 ne semblait soudain plus aussi irréaliste.

Squid Game est aujourd'hui sur toutes les bouches. Ou dans toutes les oreilles. En effet, ceux qui n'ont pas vu la série, ils sont peu selon Netflix, en ont au moins entendu parler.

Il y a, par exemple, un incorrigible malchanceux, un ouvrier licencié, un Pakistanais exploité, un ancien élève modèle déchu à cause de ses tricheries, une jeune femme qui a fui la Corée du Nord, un médecin qui a commis une faute professionnelle, un homme atteint d'un cancer et touché par la précarité des personnes âgées et bien sûr un gangster.

Ce sont tous des gens qui sont passés à travers les mailles du filet de l'aide sociale. Ils croulent tous sous les dettes et sont donc logiquement attirés par la cagnotte suspendue au-dessus de leurs têtes.

Hwang Dong-huyk connaît lui-même la chanson, il a déjà dû se résoudre à vendre son ordinateur portable pour s'acheter à manger. Alors qu'il travaillait sur la série Netflix, il aurait même perdu six dents des suites de problèmes de santé antérieurs.

Lui aussi est passé à travers les mailles du filet.

La série interpelle aussi son public : il n'est pas difficile de s'imaginer à la place des participants. Nous connaissons tous ces jeux d'enfants mortels. Nous nous demandons inévitablement aurions-nous, nous aussi, poussé nos adversaires vers une mort certaine sur le pont de verre ?

Le seul fait d'y penser est perturbant. De quoi engendrer un sentiment d'horreur très efficacement. Il est difficile d'y échapper.

Les vrais méchants

Le plus perfide Squid Game est que les participants peuvent arrêter le jeu à tout moment tant que la majorité est d'accord. Mais cela n'arrive jamais. La cagnotte augmente un peu plus avec chaque cadavre. Un tableau d'affichage compte les décès, chaque cercueil vaut un milliard de wons. Squid Game ne perd pas de temps dans les funérailles, tous finissent directement au crématorium.

Les joueurs sont-ils mus par la cupidité ?

Le réalisateur et créateur Dong-hyuk ne donne pas de réponse définitive. Mais une réplique de la série donne matière à réfléchir:

« La vie dehors est beaucoup plus violente. »

Pour Dong-hyuk, ce n'est probablement pas la cupidité qui pousse les participants à jouer. Plutôt, le désespoir. Ils ne s'en sortent pas « dehors » de toute façon. Dans Squid Game, le jeu est équitable au moins, ils ont tous les mêmes chances. On pourrait y voir une critique du monde que le capitalisme a créé, et non une critique de la nature humaine.

Ironiquement cependant, le microcosme de Squid Game est construit précisément sur le modèle du monde créé par le capitalisme, bien que les participants n'en soient pas conscients :

Et le vieil homme, l'hôte ? Aux yeux de Dong-hyuk, il incarne le « vrai » visage du capitalisme. La personnification même de la saleté des hommes, peu importe à quel point nous aimerions que le système soit propre.

Faire bonne figure aves des mesures écologiques, qui sont en fait du greenwashing. Proclamer l'inclusivité, tout en décrédibilisant les scandales sexuels et #MeToo. Accueillir une Coupe du monde dans un pays du Moyen-Orient au nom de l'humanité, tout en dissimulant les milliers d'esclaves modernes tués dans la construction des stades de football.

Je m'arrête là, vous avez compris le principe.

Dans Squid Game, l'hôte a créé des structures de pouvoir fondées sur l'argent, quelque part sur une île lointaine, hors de portée de la loi. Par ennui, il imagine un jeu que seul un esprit sadique pourrait imaginer. Pour lui, la question est de savoir quelles sont les limites de la vénalité. Pour les participants, en revanche, il s'agit de définir l'humanité et ce pour quoi elle est bonne.

Nous pouvons nous identifier à cela et nous nous laissons entraîner dans l'histoire.

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J’écris sur la technologie comme si c’était du cinéma – et sur le cinéma comme s’il était réel. Entre bits et blockbusters, je cherche les histoires qui font vibrer, pas seulement celles qui font cliquer. Et oui – il m’arrive d’écouter les musiques de films un peu trop fort. 


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